L’ORPHELINAT
Une histoire inspirée du conte « Le chat noir » d’Edgar Allan Poe
Par : Verónica Osorio
Dans la salle de l'hôpital, on écoutait les pleurs de tous les nouveau-nés. C'était une nuit d'hiver où de multiples accidents avaient été signalés sur les routes à cause des tempêtes. C'étaient des temps difficiles et peu de gens avaient la possibilité de s'asseoir près de la cheminée pour boire un chocolat chaud. Dans l'une des salles de l'hôpital, un petit garçon naissait. Sa mère, une jeune fille de quinze ans, qui avait à peine assez d'argent pour se payer un taxi jusqu'à l'hôpital, pleurait à ses côtés. Ils passèrent la nuit sur une civière, puis rentrèrent chez la jeune fille dans un autre taxi, avec de l'argent que l’une des infirmières avait donné à la jeune mère.
Tout le trajet, la jeune fille se demandait comment elle
s’occuperait du petit, réfléchissant au nom qu'elle lui
donnerait et comment elle obtiendrait de l'argent pour
acheter des couches et de la nourriture. Les jours
passèrent et la mère n'avait pas d'autre choix que de
laisser le petit enfermé dans le sous-sol sombre et froid
pour pouvoir travailler. Elle recevait les clients dans la
salle et les faisait entrer dans une petite pièce où elle
les prenait en charge. Il y avait des jours où l'enfant
restait enfermé toute la journée, sans manger et sans sa
mère.
Un jour, la jeune fille a réalisé qu'il lui serait impossible de s'occuper du petit toute sa vie. Par conséquent, elle a décidé de le prendre dans une petite couverture et de le porter dans ses bras pour se promener. Après avoir marché dans les rues froides, la femme a trouvé ce qu'elle cherchait. Une grande porte noire avec les mots "orphelinat" gravés en haut. Avec des larmes glissant sur ses joues, elle a embrassé son petit, à qui elle ne fut jamais capable de donner un nom, elle a sonné à la sonnette et elle a lissé son enfant abandonné là dehors.
Le petit a été accueilli à l'orphelinat, où les infirmières l’ont appelé Marcel. Il a grandi sans se souvenir du visage de sa mère et sans ressentir la chaleur d'une étreinte. Il avait peu d'amis en raison de son caractère dur et de ses comportements violents. À neuf ans, il était craint par les autres enfants, car il prenait plaisir à torturer les souris qu'il trouvait dans la cuisine et les écureuils qu'il chassait à l'extérieur. Il y a eu même un jour où il a volé un poulet chez un voisin et il l’a torturé pendant deux semaine d'affilée jusqu'à ce qu'il l’a tué. Une fois, on l’a trouvé dans les dortoirs en train d'essayer de noyer l'un de ses camarades. Marcel restait souvent puni, et c'était l'une des raisons pour lesquelles aucune famille ne décidait pas de l'adopter.
Au fur et à mesure que Marcel grandissait, il devenait un jeune homme cruel, qui détruisait la plupart des choses sur son passage. Quand il avait 18 ans, l'orphelinat ne devait plus s'occuper de lui et il devait aller vivre dans les rues. Pendant qu’il vivait dans les rues, il conservait la même attitude et ne cessait de maltraiter tous les animaux qu'il croisait sur son chemin, tout comme les autres vagabonds qu'il rencontrait.
Un jour, en arrivant à l'angle où il dormait, il a trouvé un chat
blotti entre ses couvertures et il a souri en pensant à toutes les
méchancetés qu'il pourrait lui infliger. Alors qu'il était sur le point
de l'attraper, il a réalisé que le chat avait ses chatons nouveau-nés
blottis à ses côtés. Quelque chose dans le cœur de Marcel a fait
« clic » et il a été incapable de leur faire du mal. Il a pensé à quel
point ce serait cruel de laisser les petits sans leur mère, tout
comme on l'avait fait avec lui quand il était bébé. « Je les finirai
demain », s’est dit-il à lui-même, et il s’est couché pour dormir à
côté d'eux. Le lendemain, les chatons étaient toujours à ses côtés,
aussi répugnant que cela lui a paru de les avoir près de lui, son cœur ne lui a pas permis de leur faire du mal. Il passait toute la journée à regarder la mère s'occuper d'eux.



Les jours sont passés et les chats ont commencé à être affectueux envers Marcel, ils dormaient blottis contre lui et il les nourrissait de temps en temps. Toutes les pensées sombres qui occupaient son cœur disparaissaient au fur et à mesure que les chats grandissaient et lui montraient leur affection. Les interactions de Marcel avec les gens et les autres animaux commencèrent à changer. Il ne criait plus sur les autres vagabonds et ne donnait plus de coups de pied aux chiens errants. La chaleur grandissait dans son âme et il sortait tous les jours à la recherche de nourriture pour ceux qu'il appelait maintenant "ses animaux de compagnie".
Quelque chose avait définitivement fait « clic » dans son cœur.
FIN